Cartographie de l'amour décolonial

indinawemaaganidog /
toutes mes relations

je suis sur le quai à cap saint-louis en train de réfléchir quand quelqu’un arrive à ma hauteur. il faut savoir que je me fais un devoir de ne jamais parler à personne sauf si c’est absolument nécessaire, oui je suis de mauvaise foi et abîmée et oui ça me bloque certaines possibilités, mais malgré tout certains individus sournois parviennent parfois à pénétrer mon périmètre auditif. tout finit toujours par s’arranger. à peu près.
donc étienne arrive à ma hauteur et me dit allô et bien sûr qu’il sait que je ne suis pas censée être là alors je me méfie de ce qu’il veut. je lui dis que je veux voir la colonie de phoques même si ce n’est pas ce que je veux ni ce que je cherche. sans hésiter il me dit qu’il m’y amène. je lui demande combien ça coûte. il me répond gratuit.

d’accord.
 
rien n’est jamais gratuit. les meilleurs plaisirs de la vie sont gratuits. tout ce qui est gratuit vaut le prix que vous l’avez payé.
 
on marche jusqu’au bout du quai et il me tend la main pour m’aider à descendre sur le pont du bateau. évidemment je refuse et m’appuie sur une pile de boîtes de plastique brisées comme une grande parce qu’il faut mettre certaines choses au clair dès le départ et voilà l’une d’entre elles.

il démarre le moteur et je suis à l’arrière avec l’équipement alors on ne peut pas parler. il fait soleil et il vente et c’est parfait et pendant qu’on s’éloigne du rivage je pense à dexter et m’imagine tous les scénarios possibles. il interrompt mes pensées en m’offrant une coors light thé glacé et j’en prends une sous l’impulsion du moment même s’il est seulement dix heures et demie du matin et que la coors light c’est toujours dégueulasse. tout à coup on est à un mille du rivage dans l’atlantique.