Fé M Fé

J’ai souvent l’impression d’être venue au monde dans une sorte de cocon, fait avec des retailles de tissus, des bouts de laine, de l’amour, des plumes et des poils, de la poussière et beaucoup de chaos, dans un quartier de Montréal qui a longtemps été pour moi un royaume, le Mile-End. Il me semble que ma mère a toujours eu une aiguille et du fil attachés à son t-shirt ou enroulés dans ses cheveux, prête à coudre quelque chose. Mais chaque fois qu’elle me fabriquait une jolie petite robe, j’avais l’air d’un chou emballé, chaque fois qu’elle voulait m’enseigner l’art des aiguilles, quelqu’un était sérieusement blessé. Alors on m’a laissée pousser, à l’ombre des machines à coudre et des piles de coton, rayonne et polyester, en espérant qu’un jour je découvre ce que mon père appelle ma « vraie nature ».

C’est certain que mes parents devaient se croire vraiment hot de m’avoir appelée comme ça, Fé. Mais franchement, en tant que fille dodue et zéro gracieuse, j’ai pas toujours trouvé ça facile de vivre (depuis presque 15 ans) avec un nom qui fait penser, quand on l’entend, à une pitoune lé-gère qui vole en pétant du brillant. Je sais pas...

En fait, aujourd’hui, si je cherche ce qui me définit vraiment, en ce moment, tout ce qui me vient en tête, c’est une équation simple mais non résolue:

Fé M Fé