Hiroshimoi

Veux-tu être mon amoureux?

Je t’aime.

Certes, mais veux-tu être mon amoureux?

 

*

 

C’était un party de bureau. De retraite. À la fin de la soirée, tu as demandé à ce que je m’assoie à côté de toi, sur la chaise au coussin violet. T’avais tes yeux brillants. J’aime tes yeux brillants. Tu m’as dit que tu étais amoureux. De moi. Je ne t’ai pas cru. Tu m’as dit, plus tard, dans la voiture, que tu pourrais être mieux avec moi. Je ne t’ai pas cru. Mais ça a crissé la digue à terre. Depuis, je te capslock que je t’aime. Partout où je le peux.

 

*

 

Tu as sonné à ma porte. D’habitude, tu entres. C’est chez toi, aussi, chez moi. Même si. Tu connais les lieux. Surtout ceux contre lesquels on se pause. Ma table, mon comptoir, les murs, le divan, mon lit, la douche, la galerie. Mais là, tu as sonné. J’ai marché avec suspicion jusqu’à la porte, regardé par le petit trou. J’ai vu ta face. J’ai pas compris. Je t’ai ouvert. Tu as les yeux tristes, un demi-sourire. À tes pieds, un sac. Tin sac avec ta vie. Tes yeux dans le soudain creux des miens qui se noient tranquillement de larmes s’ancrent pour de vrai de vrai de là de j’pars pu de je reste de je nous habite. Enfin. Tu ne me déchireras plus. Nos mains se rencontrent. Je prends toute la place que je peux dans mon cadre de porte. Faut que tu paies ton entrée ne serait-ce que pour me racheter le sang qui m’a giclé du cœur sans arrêt.

Je rêve comme je le peux.

 

*

 

Des gens tout autour, mais juste nous, mais juste nous. Avec leurs yeux à eux qui nous regardent au passage nous effleurent parce que tout cela nos mains nos lèvres c’est juste normal pour des amoureux. « Bientôt on sera normal », tu me dis souvent.