Pas pressée

Intérioriser novembre

Tout en moi était gris comme pendant une ride de taxi de fin de soirée quand t’as pas eu le party que tu voulais, que le chauffeur pèse trop sur le break à ton goût pis qu’il veut pas que tu baisses la fenêtre pour t’aérer les idées et le motton d’amertume que tu rotes comme une lady, le petit doigt levé. 3 h 12. Nuit régulière d’un mercredi ordinaire. Je me virais pis revirais de bord, j’avais le non-sommeil agité. Entre deux 180, je fixais le plafond, les bras en croix. J’avais l’impression que mes yeux étaient formés de deux paupières pompettes super lâches qui se faisaient aller sur deux grosses pupilles noires hyper high.
Y’avait pourtant pas d’affaire de pleine lune ou ben de rétrogradation de Mercure qui aurait pu justifier que j’aie le cœur qui me saute dans le nerf optique. J’avais essayé de m’endormir la tête au pied du lit, mais ça avait juste fait que je badtrippais encore plus. Je voulais pas lever le capot de mon portable parce que j’avais commencé à avoir peur de la lumière bleue des écrans, la nuit. Il paraît que tu regardes cette lumière-là une fois pis deux minutes après tu reçois une cassette de la petite fille dans Le Cercle qui te prédit que tu vas faire de l’insomnie pendant trois éternités.
J’ai décidé de me la jouer rien à perdre et je me suis levée pour marcher un peu dans l’appart. Casser le mood. Je me convainquais que je finirais sûrement par m’endormir mais juste un peu plus tard. Mon cadran était setté pour 7 h, si je revenais me coucher vers 4 h, ça me ferait genre deux cycles complets de sommeil ; pas si pire, au point où j’en étais. Avec Relaxing Sleeping Stress Relief and Meditation Music pis de la mélatonine, je me suis dit que ça devrait finir par le faire.
Des compromis avec moi-même, j’en faisais souvent de ce temps-là. Ma tête partait quelque part où j’étais pas vraiment bienvenue pis je devenais spectatrice de ce qui se passait partout en moi. Je jouais pus avec mon imagination, elle jouait avec moi, allait loin loin dans des vieux sentiments pis les mélangeait avec des histoires que je pensais avoir oubliées. Jamais des anecdotes super graves, mais je réussissais toujours à les twister à mon désavantage, pour me maudire, me dégoûter. Plein de petites affaires pas rapport qui me donnaient mal au ventre en pleine nuit. Ça m’était déjà arrivé deux-trois fois de me réveiller en sursaut en me demandant si j’avais stationné mon char du bon côté de la rue. Des bogues de cerveau de même, c’est legit que ça arrive quand t’as la paniquette facile pis une voiture. L’affaire c’est que j’avais vendu mon auto au moins trois ans avant. Je me le répétais pour essayer de me rendormir, mais quand la raideur me prenait au corps, c’était pas mal impossible de me calmer. J’avais pris l’habitude de sortir de ma chambre, faire le tour de l’appartement, partir de l’eau pour une tisane. La levée du corps était rough sur le moral, mais je réussissais à me convaincre que dormir trois bonnes heures, c’était mieux qu’une nuit complètement ratée. Je buvais rarement la tisane, mais ça m’aidait à briser mon fil de pensées de marde.