Thérèse pour Joie et Orchestre

Seule-Ange

je vais te faire une cérémonie

 

nous serons les Seules

toi dans ton Jardin sous ton marronnier moi dans la forêt de la montagne

 

je serai sans malice ni noirceur comme souvent tu me regardais

 

les drapeaux blancs flotteront faits des bouts de dentelle de tes anciennes robes du rayonnement de poussière dorée de la fibre délicate de tes ailes efficaces

 

ce sera une cérémonie où je serai invitée, enfin si proches, de loin et simultanément nous aurons le fou rire longtemps

 

ce sera pareil aux instants où on était heureuses les Seules ensemble

toi-même un Poème et la Poésie elle-même

 

tes paysages chéris ici rassemblés

nous serons pommelées d’ombre et de lumière un instant Ensemble comme pour l’éternité

 

entre deux idées, pour la beauté de respirer on suspendra le passage à une étoile comme le faisait notre Göran adoré

 

avant que tu n’arrives, fidèle je m’ennuierai tellement personne avec qui philosopher

 

tu seras la Seule à la cérémonie mais tu tarderas à te montrer

 

car dans mon cœur serré

il reste si peu de place pour la Douceur

 

on mettra à mal les dégâts du silence

toute la violence entendue

rien qu’en prenant place

sur une balançoire à deux

dans l’atmosphère stridulante d’un été de cigales

et devant le piano muet avec les mots des câlins mon Amie Jurée

nous boirons une verveine sur un toit de cabane à l’époque des moissons

 

et au dégel nous chanterons

comme des Troyennes en Provence

des Russes pâlottes endurcies

comme Anna Prucnal à la Place des Arts

 

nous trottinerons, invisibles, dans la parade comme d’antiques hamadryades nous gambaderons dans la forêt pleine d’âmes

 

classées pissenlits, nous serons des clématites

aux floraisons sans crampons

sans pâmoison, nous serons fidèles

à nos solitudes stupides et belles

comme dans une chanson d’Alain Souchon

 

je vais te faire un malheur

aussi beau que les pensées magiques les objets animés de ferveur

Teresa Bonheur

 

un ange passera

au-dessus du plat d’olives

une chauve-souris en dentelle au-delà des prairies de laitue

 

on s’amusera comme des petites folles pliées en deux sur nos bouts de chaises de princesses oubliées

 

en revenant sur mes pas

je remplirai de nouveau ton verre sans que tu me voies

ma chiffonnée

 

douce damnée des grands chemins Rose Allumée

cherchant la lumière chez les passionnés qu’on peut aimer de loin et très fort

 

phénoménale amie

ange au grand cœur d’authentique grande sœur

 

je ferai du bruit pour que tu reviennes ici

dans la cuisine

tu choisiras l’hibiscus et l’églantier

il faut nous réconforter alors

nous reparlerons d’un essai troublant

intenses dans ce qui se passe

la culture nous dépasse, allons

embarque dans mon carrosse

on ira loin Trésor

 

j’aurais dû faire un dessert aux petits fruits, ce soir et une fois dans la vie

te balader dans un long voyage verdoyant

là dans ma tranchée, c’est ce que je me dirai

quand, dans un rare silence

s’ébauchera la chorégraphie minutieuse de ton départ

 

le bruit des sacs soyeux

le chuintement sourd des souliers chinois le froufrou solennel des bouquins

le chuchotement final avec un signe de la main le grand sourire aux petits yeux et la porte du bloc qui claque