Seule-Ange
je vais te faire une cérémonie
nous serons les Seules
toi dans ton Jardin sous ton marronnier moi dans la forêt de la montagne
je serai sans malice ni noirceur comme souvent tu me regardais
les drapeaux blancs flotteront faits des bouts de dentelle de tes anciennes robes du rayonnement de poussière dorée de la fibre délicate de tes ailes efficaces
ce sera une cérémonie où je serai invitée, enfin si proches, de loin et simultanément nous aurons le fou rire longtemps
ce sera pareil aux instants où on était heureuses les Seules ensemble
toi-même un Poème et la Poésie elle-même
tes paysages chéris ici rassemblés
nous serons pommelées d’ombre et de lumière un instant Ensemble comme pour l’éternité
entre deux idées, pour la beauté de respirer on suspendra le passage à une étoile comme le faisait notre Göran adoré
☆
avant que tu n’arrives, fidèle je m’ennuierai tellement personne avec qui philosopher
tu seras la Seule à la cérémonie mais tu tarderas à te montrer
car dans mon cœur serré
il reste si peu de place pour la Douceur
on mettra à mal les dégâts du silence
toute la violence entendue
rien qu’en prenant place
sur une balançoire à deux
dans l’atmosphère stridulante d’un été de cigales
et devant le piano muet avec les mots des câlins mon Amie Jurée
nous boirons une verveine sur un toit de cabane à l’époque des moissons
et au dégel nous chanterons
comme des Troyennes en Provence
des Russes pâlottes endurcies
comme Anna Prucnal à la Place des Arts
nous trottinerons, invisibles, dans la parade comme d’antiques hamadryades nous gambaderons dans la forêt pleine d’âmes
classées pissenlits, nous serons des clématites
aux floraisons sans crampons
sans pâmoison, nous serons fidèles
à nos solitudes stupides et belles
comme dans une chanson d’Alain Souchon
je vais te faire un malheur
aussi beau que les pensées magiques les objets animés de ferveur
Teresa Bonheur
un ange passera
au-dessus du plat d’olives
une chauve-souris en dentelle au-delà des prairies de laitue
on s’amusera comme des petites folles pliées en deux sur nos bouts de chaises de princesses oubliées
en revenant sur mes pas
je remplirai de nouveau ton verre sans que tu me voies
ma chiffonnée
douce damnée des grands chemins Rose Allumée
cherchant la lumière chez les passionnés qu’on peut aimer de loin et très fort
phénoménale amie
ange au grand cœur d’authentique grande sœur
je ferai du bruit pour que tu reviennes ici
dans la cuisine
tu choisiras l’hibiscus et l’églantier
il faut nous réconforter alors
nous reparlerons d’un essai troublant
intenses dans ce qui se passe
la culture nous dépasse, allons
embarque dans mon carrosse
on ira loin Trésor
j’aurais dû faire un dessert aux petits fruits, ce soir et une fois dans la vie
te balader dans un long voyage verdoyant
là dans ma tranchée, c’est ce que je me dirai
quand, dans un rare silence
s’ébauchera la chorégraphie minutieuse de ton départ
le bruit des sacs soyeux
le chuintement sourd des souliers chinois le froufrou solennel des bouquins
le chuchotement final avec un signe de la main le grand sourire aux petits yeux et la porte du bloc qui claque