Vieille école

En 1983, le marché nord-américain du jeu vidéo générait des revenus d’environ 3,2 milliards de dollars. La console la plus populaire, à cette époque, était encore le Atari 2600. Mais entre le Atari 5200, l’Intellivision, le ColecoVision, l’Odyssey² et le Fairchild II, les consommateurs avaient l’embarras du choix. Deux ans plus tard, cette industrie s’était totalement effondrée, souffrant des effets catastrophiques d’une dégringolade d’environ 97 % de son chiffre d’affaires, qui oscillait désormais autour des 100 millions de dollars par année.

D’ailleurs, les historiens ont éventuellement décidé d’appeler ça la « crise du jeu vidéo », étant donné que c’était pas mal ça que c’était. Dans la vie, t’es aussi ben d’appeler un chat un chat. Pis n’importe quel chat qui te fait perdre 97 % de tes ventes en deux ans, ça s’appelle une crise. Pas un chat.

À l’époque, les experts affirmaient que c’était la fin. Les magasins de jouets ne voulaient plus de ces machines désuètes dans leurs rayons. On soldait les stocks restants à des prix de plus en plus ridicules. L’action de Warner, qui était propriétaire d’Atari depuis 1976, chuta de 60 $ à 20 $. Le flop désormais légendaire de E.T. the Extra-Terrestrial pour le Atari 2600, qui avait été programmé en cinq semaines afin d’être mis en vente juste à temps pour Noël, avait soi-disant scellé le destin des consoles maison.

Si t’as déjà joué à ce jeu-là, tu sais que c’est une conséquence à peine exagérée de sa remarquable médiocrité.

C’est donc dans ce contexte précaire que la compagnie japonaise Nintendo va décider de prendre d’assaut l’Amérique du Nord, après avoir commercialisé au cours des années précédentes une série de bornes d’arcade à succès parmi lesquelles se démarque toujours la célèbre Donkey Kong de 19811. Le Nintendo Entertainment System (NES) est arrivé aux États-Unis le 18 octobre 1985, mais il faudra attendre près d’un an avant que celui-ci ne soit lancé de manière plus officielle, en septembre 1986.

En gros, le NES est une version à peine modifiée du Famicom, très populaire au Japon dès sa sortie en juillet 1983. Au premier coup d’œil, les deux consoles ne se ressemblent pas du tout. Mais sur le plan technique, c’est essentiellement la même affaire. Sauf qu’il y avait un micro intégré dans la deuxième manette du Famicom, qui te permettait de parler à travers le speaker de ta télé. Fouille-moi pourquoi.

Le succès du NES sera instantané. Nintendo en écoule plus d’un million d’unités au cours de l’année 1986. Deux ans plus tard, la compagnie domine totalement une industrie engendrant à nouveau des profits avoisinant les 2,3 milliards de dollars, sa part de marché pour 1988 étant d’environ 70 %. En 1990, 30 % des foyers américains possèdent un NES. La situation relève essentiellement du monopole.

Plus qu’une simple console de jeu, le NES va s’avérer être un véritable phénomène culturel ; quiconque ayant grandi sous son règne aura été profondément marqué par celui-ci, de même que par tous les rituels y étant associés. Qui n’a jamais soufflé dans une cassette, espérant ainsi la faire fonctionner ? Nos parents nous forçaient parfois à aller jouer dehors. Mais dans les faits, nous allions y tuer le temps, en attendant de pouvoir retourner à l’intérieur pour terminer une partie de Super Mario Bros. 3.

Le plombier moustachu était devenu plus célèbre que Mickey Mouse. Toute l’iconographie l’entourant nous était familière : les Goombas et les Koopas, Bowser et la princesse… qui s’appelait encore Toadstool, à l’époque. Pis le monde connaissait aussi Link, le héros de la série The Legend of Zelda. Pendant ce temps-là, la mascotte de Sega, c’était Alex Kidd. Pour vrai, qui rêvait d’avoir une boîte à lunch d’Alex Kidd ? Mon meilleur ami possédait un Master System de Sega. C’était le seul de notre gang à avoir ça. J’ai toujours trouvé que ça faisait vaguement européen. On va 

« étant d’environ 70 %. En 1990, 30 % des foyers américains possèdent un NES. La situation relève essentiellement du monopole.

Plus qu’une simple console de jeu, le NES va s’avérer être un véritable phénomène culturel ; quiconque ayant grandi sous son règne aura été profondément marqué par celui-ci, de même que par tous les rituels y étant associés. Qui n’a jamais soufflé dans une cassette, espérant ainsi la faire fonctionner ? Nos parents nous forçaient parfois à aller jouer dehors. Mais dans les faits, nous allions y tuer le temps, en attendant de pouvoir retourner à l’intérieur pour terminer une partie de Super Mario Bros. 3.

Le plombier moustachu était devenu plus célèbre que Mickey Mouse. Toute l’iconographie l’entourant nous était familière : les Goombas et les Koopas, Bowser et la princesse… qui s’appelait encore Toadstool, à l’époque. Pis le monde connaissait aussi Link, le héros de la série The Legend of Zelda. Pendant ce temps-là, la mascotte de Sega, c’était Alex Kidd. Pour vrai, qui rêvait d’avoir une boîte à lunch d’Alex Kidd ? Mon meilleur ami possédait un Master System de Sega. C’était le seul de notre gang à avoir ça. J’ai toujours trouvé que ça faisait vaguement européen. On va se le dire : avant que Sonic arrive, Sega, ça existait pas.