Lanterna magica/la lanterne magique

Présentation

Dans la vie, il nous arrive parfois de perdre des êtres de vue, de les quitter, d’être séparés d’eux par le destin, la vie ou le hasard et, plus tard, de les retrouver.

En littérature, ce fut le cas pour Ulysse et Pénélope, Léonte et Hermione, Jane Eyre et Edward Rochester, ainsi qu’Héloïse et Abélard.

La vie tourne et nous nous retournons, Comme dans une lanterne magique.

(Dans le texte qui suit, les citations en italique qui ne sont pas entre parenthèses sont inspirées de la correspondance d’Héloïse et d’Abélard; les citations en italiques entre parenthèses sont d’Apollinaire, de Rimbaud, de Mallarmé et de Baudelaire, ainsi que d’une berceuse traditionnelle.)

Tournée vers le ciel

Elle s’assoupit, très lasse. Elle ne parvient pas à ouvrir les yeux, même en rêve. Le sommeil tricote son image et se défait, comme un fil de laine. À nouveau.

la femme

les os qui sont intérieurs

Du noir dôme de son esprit elle émerge, lasse. Elle y tourne et retourne le dernier épisode de son histoire, une fin de chapitre. Le télescope intérieur agrandit et rapetisse, comme Pégase chassant la Chimère maîtresse. Elle sonde le planétarium infini pour une constellation autre à découvrir, une forme qui tiendrait constante. Chaque étoile liée à ses voisins. Un bijou brillant au fond d’un nid de pie, voleuse et amoureuse :

des icônes sur un écran lorsque le temps vire au dégagement
dans un trop-plein de mythe
chacune une porte par où passer

une fonction permettant d’ordonner elle y rentre des bouts de conversations restes d’impressions
résidus de paysages

étendre le noir

 

(À la fin tu es las de ce monde ancien)

Le même, toujours le même. Les banalités floues se pressent autour, matinales. Le défi de l’observation : la surprise est dansles détails, les bourgeons, une habitude désarmante. La neigequi tombe au mois d’avril. Le jour qui longuement se prolongeen juin.

Comme la fileuse de Valéry.