Psychose

Émile

Je suis devenu fou à dix-sept ans. Je l’étais peut-être déjà avant, mais c’est là que ça s’est déclaré, que la psychose a pris le dessus, que la paranoïa m’a englouti et qu’Anaïs me l’a craché :
– T’as un fucking problème, Émile Beauchesne ! Va te faire soigner, parce que ça tourne pas rond dans ta tête !
Je pense que ce n’était pas vraiment une insulte. Elle voulait sincèrement que j’aille me faire soigner.
Elle était tannée. Écœurée. À boutte. Je venais de lui crier après en pleine rue. Je l’avais accusée de me jouer dans le dos, alors que c’est moi qui n’arrêtais pas de lui mentir. Je ne pouvais pas lui avouer que je me faisais suivre, que des caméras épiaient mes mouvements et qu’on me chuchotait des choses à l’oreille. Des choses humiliantes, blessantes, qui ne se répètent pas.
J’aurais dû l’écouter et aller demander de l’aide. Au fond de moi, je savais que ça n’allait pas, que je n’étais pas dans mon état normal, que quelque chose clochait dans mon cerveau.
À la place, j’ai attendu qu’il soit trop tard.
Je me suis battu contre ma folie et j’ai perdu.